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Ju in America
22 juin 2013

The Martian Chronicles

Nous y voila. Il est 9h du matin et 65 km nous sépare de Inle lake. 25 km les deux premiers jours et une quinzaine pour finir. Ca fera 8h de marche par jour et un peu moins le dernier. On voyage léger, nos sacs a dos prennent le bus et nous attendront a l’hôtel à l’arrivée. On a juste de quoi se changer un minimum, une protection pluie et les appareils photos évidement.

La rando est une activité à part, on a vraiment le temps d’apprécier les paysages, de les voir se révéler lentement. Les longues heures de marche sont propices à la réflexion, à la méditation. C’est reposant mentalement sans être trop exigeant physiquement, parfait pour dépayser des citadins drogués au café et a l’instantanéité. On voulait ne faire que 2 jours mais le guide nous a convaincu d’en faire 3. On verra plus de choses et ca permet de se déconnecter un peu plus.

On part de Kalaw sous un beau soleil et on commence à monter dans la montagne. C’est la saison des pluies et je sais qu’on se fera tremper à un moment ou à un autre mais j’espère que ce sera le plus tard possible. C’était oublier la loi de Murphy. J’ai eu le malheur de le penser et, provocation ultime, d’en faire part a Narjiss… ca ne rate évidement pas, après même pas une demi-heure de marche il commence à pleuvoir. Au début ce n’est pas très méchant et je décide de ne me couvrir qu’avec mon coupe-vent imperméable. Petit à petit, la pluie se renforce et il est maintenant trop tard pour sortir ma cape de pluie qui est au fond de mon sac à dos. On arrive à la pause de midi sous une pluie battante, tous complètements trempés. On essaye de se réchauffer et de se sécher comme on peut autour d’un feu. Cette décision de ne pas sortir la cape de pluie a couté cher à mon passeport, il a pris l’eau et je le sèche comme je peux.

_DSC0611Pendant le repas, a base de riz pour changer, la pluie cesse et on regagne tous quelques degrés de température corporelle. Plus ou moins prêt pour la deuxième partie de la journée, on se remet en route. Les chemins sont évidement boueux après toute cette pluie. C’est une boue rouge, tres collante qui s’accroche aux chaussures, les alourdissant en formant des raquettes sous les semelles. On peut mieux profiter du paysage maintenant qu’il ne pleut plus. On est assez haut dans la montagne mais les flancs des collines sont tous cultivés. A cette hauteur on trouve du the évidement mais aussi des oranges, des mangues, des avocats,… on n’avait croisé personne le matin, sans doute a cause de la pluie, ce n’est pas la même chose l’après-midi. On croise énormément de travailleurs agricoles, de chariots a bœufs, de troupeaux de vaches et même de motos qui sont utilisée pour transporter les marchandises dans la montagne. Et vu l’état des chemins, je ne sais pas trop comment ils font… Apres être passé d’une vallée à l’autre pendant 4-5h, on arrive à une voie de chemin de fer. A première vue, elle a l’air abandonnée mais non seulement ce n’est pas le cas mais en plus c’est  celle utilisée par « l’express » Yangon-Mandalay. Il y a 700km entre les deux villes et le train ne met que 18 à 20h à faire le trajet…

_DSC0636On marche sur la voie de chemin de fer pendant une petite heure et on arrive à la gare en même temps que le train. C’est une drôle de sensation de voir un train arriver en face… depuis la voie. On fait une petite pause thé a la gare avant de finir les quelques kilomètres restants pour la journée. On passe la nuit dans un village, chez l’habitant. C’est une maison typique sur pilotis avec un seul étage divisée en 3 pièces. Une pour la cuisine, une pour la famille et la pièce principale pour les randonneurs. On se repose les jambes en profitant du coucher de soleil quand une sangsue décide de se servir d’un de nos compagnons de rando pour se faire un snack. Malheureusement pour elle (la sangsue), elle n’est pas suffisamment discrète et se fait repérer. Elle sera forcée de lâcher prise quand la chaleur du briquet deviendra trop inconfortable, ne laissant même pas de marques à sa victime.

Il n’y a pas ou peu d’électricité dans le village, seulement quelques panneaux solaires individuels, on mange donc à la bougie. Apres une journée de marche tout semble délicieux mais le cuistot qui nous accompagne sur le trek est en plus excellent. On aura droit à des plats différents à chaque fois, meilleurs les uns que les autres.  Il doit être à peine 8h mais il fait déjà nuit noire. C’était le festival des feux d’artifices le mois dernier, chaque soir dans un village différent des environs. Il leur en reste quelques uns et on a droit à quelques départs de fusée. Sans pollution lumineuse le spectacle est magnifique, les fusées, les étoiles, les lucioles…magique.

La nuit sera dure, à même le sol, et je me réveille avec les premières lueurs de l’aube, courbatu. Apres un copieux petit-déjeuner a la birmane, à base de curry, de mangue et de banane naine, on se remet en route. On a une heure de montagne puis le reste se fait a travers champs et rizières. On traverse plusieurs villages, s’arrêtant une fois pour la sacro-sainte pause thé. On retrouve le chemin de fer pendant un bref moment puis c’est à nouveau les champs. Le dernier quart d’heure avant la pause de midi est tendu. La pluie commence à tomber et personne n’a envie de se refaire tremper comme la veille, on presse donc le pas autant que possible. On arrivera sous une légère bruine qui sera remplacée par des cordes quelques minutes après notre arrivée.  Le timing est meilleur que la veille sans aucun doute. Voir tomber la pluie est beaucoup plus sympa, le ventre plein et au sec. On a le temps de faire une petite sieste (coutume locale oblige) avant de se remettre en route. L’après-midi est difficile. La boue est omni présente et rend la progression plus lente. Elle leste aussi nos chaussures considérablement et on approche des 15h de marche (sur 2 jours). Cette nuit, on la passe dans un monastère. Il est situé dans la montagne, on quitte donc les champs et rizières pour remonter dans la montagne. On est dans une partie plus désertique, les champs sont plus espacés et on ne croise que peu de monde. La montée finale est raide et on fait une pause dans le dernier village avant le monastère. Dédaignant le thé cette fois, je me prends une bouteille de bière. Les bouteilles là-bas sont plutôt grandes (2/3 litre) et après une journée d’effort elles sont loin d’être sans effet!

On finit  la dernière partie assez rapidement et nous voilà au monastère. Un bâtiment est dédié pour les randonneurs. C’est la basse saison, on est donc le seul groupe. Comme la nuit précédente, on dort à même le sol sur des couvertures. Je décide de profiter des couvertures surnuméraires pour doubler l’épaisseur, en espérant mieux dormir que la nuit d’avant. La douche hier consistait en un puits et un vague mur. Personne n’avait été plus loin qu’un débarbouillage sommaire. Apres deux jours de rando, je n’ose imaginer l’odeur qui doit se dégager du groupe. Au monastère c’est un poil plus raffiné. C’est aussi un puits mais entouré de 4 murs qui monte jusque de 1m50 environ. Pour les garçons ce n’est pas gênant, j’en profite pour me laver complètement mais pour les filles, ce n’est pas top… elles optent donc pour un 2eme débarbouillage sommaire. En gentlemen, on s’abstiendra évidement de tout commentaire sur leur odeur corporelle :D

_DSC0613Apres 2 excellents repas et une nuit hachée, on est encore une fois debout à 5h30… avec le soleil. On va dire  bonjour au doyen des moines avant de partir. Le programme du jour est plus léger. Seulement 4-5h de marche, en descente principalement avec le lac en ligne de mire. Narjiss et moi tenons une forme olympique et on met 10 min au reste du groupe sur la première heure. Pas de boue aujourd’hui et le chemin est facile, on peut donc prendre un tempo  new-yorkais et même le guide ne peut pas suivre. Ce sera « more of the same » le reste de la rando, on fera des pauses régulières pour attendre le reste du groupe. Ce qui les dessert aussi c’est qu’ils font la rando sans chaussures adaptées. Ils ont beau être tous beaucoup plus jeune, un matériel adapte fait la différence... ah les jeunes ! Plus on descend vers le lac plus il fait chaud et on approche de midi, ce qui n’aide pas. Il fait sans surprise meilleur dans la montagne même si le lac empêche les températures de monter autant que dans les autres régions. On arrive à Indein, petit village situé au bout d’un des bras du lac pour y faire la pause déjeuner et la sieste. Le lac s’étend du Nord au Sud. Notre destination est tout au nord et Indein est sur un des bras Sud-Ouest. La dernière partie du voyage n’implique pas nos jambes, au grand bonheur du groupe. On prend place dans une grande barque étroite et profitons de la balade. On mettra presque 1h pour remonter le lac, profitant du paysage, des pécheurs et des autres barques qui sillonnent le lac. On avait dans l’idée de se faire un petit massage le soir en arrivant à l’hôtel mais on est trop naze pour ca. Une vraie douche et un vrai lit sont des luxes appréciés à leur juste valeur après 3 jours à crapahuter dans la montagne.

Ce fut une rando vraiment extraordinaire. La variété des paysages et des gens, notre guide, une mine d’information sur les différentes tribus qui peuplent ces montagnes, sur les cultures, sur les plantes, sur les arbres. Un voyage dans la culture traditionnelle birmane avant que le tourisme ne la change a jamais. J’en retiens les champs bien ordonnés ou tout est planté en ligne. Les buffalos qui se baignent pour échapper à la chaleur. La terre rouge omni présente et lourde sous nos chaussures. Les travailleurs agricoles, principalement des femmes et des personnes âgées. Les troupeaux de vaches et les motos qui cohabitent sur les chemins de montagne. Les cultures de mangues, d’orange et de thé dans la montagne, de riz, de chou-fleur, de tomates et de cacahuète dans les vallées. C’était loin d’être une rando facile mais ca en valait clairement la peine.

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