L’enfer du Nord

31 octobre 2013

Apres une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit, on a prévu de faire les touristes sur le lac. On s’est arrange avec l’hôtel pour être baladé en barque toute la journée. On commence par le temple qui est au milieu du lac. Il est immense avec 2 étages et la possibilité de monter au 1^er. Il contient des petits bouddha qui ne sont plus reconnaissables. Ils ressemblent maintenant à des boules d’or vu que les gens achètent des feuilles d’or et les appliquent sur les statues en signe de dévotion. Ce temple dispose de deux barques géantes qui servent pour la procession annuelle des bouddha sur le lac. Le premier arrêt shopping est dans une boutique de bijoux en argent. Ils se sont vide adaptés au tourisme et on a droit a la visite de l’atelier avant de passer dans le magasin lui-même. Je flashe sur 2 petits poissons articulés en argent et, étant toujours en formation, je laisse le maitre es marchandage (aka Narjiss) me les avoir pour le meilleur prix possible. Les vendeuses ne résistent pas longtemps et nous revoilà bien vite en route (avec les poissons évidement). Notre arrêt suivant est Indein. Pour ceux qui ne suivent pas, c’est le village de fin de rando de la veille. On remonte donc la rivière en passant toutes les quelques centaines de mètres par des sortes de barrage avec une ouverture de la largeur des barques au centre. Je pense que ca sert à retenir la végétation et a générer un peu de courant, histoire d’empêcher ces bras d’eau de se boucher. Juste a cote de ce village, il y a évidement une paya et un étonnant champ de stupa.

On ne les a pas comptes mais il y en a exactement 1054. Elles sont d’ailleurs en cours de restauration. Il y a un petit chemin qui mène à une colline surplombant cet ensemble et offrant une vue sympa. On n’est plus à quelques centaines de mètres prêt après les 3 jours de rando et on y monte donc pour profiter de la vue. De retour sur le lac, on ira ensuite voir les tisseurs de lotus, les fabricants de cigares et de barque. Le panorama du lac et des montagnes qui l’entoure est magique. Ajoutez à ca les pécheurs et leur technique unique pour ramer (avec la pagaie propulsée par leur jambe) , il y a quelque chose d’unique dans ce lieu. Les locaux l’ont bien compris et j’ai le sentiment que ce lac va devenir une usine à touriste dans les années qui viennent… et y perdre un peu de son âme. Je les comprends évidement mais si vous êtes intéressé n’attendez pas pour y aller.

C’est marée basse a cette époque de l‘année, on voit donc bien que tout est construit sur pilotis. Sur certaines parties du lac on slalome entre des patchs de vegetation flottante. En allant au monastère (qui est lui aussi sur pilotis on passe par les jardins flottant d’Inle lake. Ce n’est possible qu’a marée basse évidement mais ils font pousser toute une série de fruits et légumes au beau milieu du lac. Et comme tout le reste ici, l’entretient et le développement de ces vergers se fait… en barque ! Les canaux dans les jardins sont très étroits et par endroit on ne peut même pas se croiser. En sortant des jardins on tombe sur un attroupement de barques et d’enfants tout de vert vêtus… c’est la sortie des classes et sans surprise leurs parents viennent les chercher… en barque ! Le monastère est célèbre pour ses « jumping cats ». Il y a en effet des chats partout et les moines les entrainent à sauter a travers des cerceaux. Notre timing n’est pas bon sur ce coup la, c’est l’heure de la sieste pour les moines comme pour les chats. On ne verra donc pas ces félins se prendre pour les lions de cirque.

Ca a fait du bien de se faire balader en barque toute la journée comme ca. On a pu voir a quel point ce lac est tout a la fois avec ses pécheurs, ses vergers, ses voies de communication, sa paya, ses écoles, son monastère, ses magasins, … les gens du coin ont développé quelque chose de vraiment unique.

Le lendemain, au programme spa. Il y a des sources chaudes dans la région et donc le spa qui va avec. On s’est fait massé le soir avant, du coup on reste dans le même esprit. C’est un peu à l’extérieur et comme en tant qu’étrangers on ne peut pas conduire de mobylette, on loue des vélos. Munis d’une vague carte et de 2-3 instructions on se met en route. On sort assez rapidement du village et rapidement la route se transforme en champ de bataille version 14-18. C’est pire que le Paris-Roubaix et les vélos sont lourds et lent. On va en chier pendant 1 bonne heure avant d’arriver au spa. On est la assez tôt et on a donc tout l’espace pour nous. C’est assez simple mais bien tenu et avec pour changer une vue magnifique sur les montagnes. On alterne l’eau très chaude et la douche froide quelques fois et il est déjà temps de repartir. On a notre vol vers Yangon et l’aéroport est hors de la vallée. Le chemin du retour est un peu plus facile, particulièrement la montée dans la foret qui nous avait presque enterre à l’aller. Tout est plus facile en descente mais l’état de la « route » rend l’opération périlleuse.

Sur le chemin de l’aéroport, on aura droit à un remake d’une étape de montagne du tour de France avec des vaches a la place des cyclistes. Elles devaient être beaucoup moins chargées que notre cher peloton vu leur vitesse d’ascension. On passera d’ailleurs très prêt de s’en prendre une de vache… On arrive finalement sain et sauf a l’aéroport puis a Yangon après un vol sans histoire.

Apres la montagne, Yangon est une étuve. Ma première impression n’était pas seulement due au manque d’habitude. Au programme de notre dernière journée a Yangon, la circle line, un bouddha géant en marbre, une visite aux éléphants blancs et du shopping de cadeaux et souvenirs. La circle line est une ligne de chemin de fer construite par les anglais qui fait le tour de Yangon. Elle fait aussi office de métro. On arrive un peu a la bourre et ils font attendre le train pour nous… A peine parti, on a droit à des immeubles tombant en ruine, de l’eau stagnante partout et des déchets. Je n’ose imaginer les problèmes sanitaires posés par ce cocktail explosif de chaleur, d’humidité, de déchets et d’eau stagnante. L’impression de pauvreté est très forte ici contrairement à la campagne ou c’est plus une plongée dans le passé.

Le train s’arrête toutes les quelques minutes pour maximum 10 secondes. Les gens montent et descendent comme ils peuvent. Une des stations sert même de marché avec des étales en bord de voie ! Le tour complet prend 3h mais on descend après 1 bonne heure pour aller voir le bouddha et les éléphants. Le temple est très classique mais l’attraction c’est ce bouddha énorme taille dans une pièce de marbre unique. Elle a été trouvée il y a quelques années et sculptée en bouddha. Mis à part le gigantisme de ce bouddha, le reste est très (trop) moderne et on ne s’attarde pas.

On trouve l’endroit ou sont ces fameux éléphants blancs et la j’ai droit au spectacle le plus triste qui m’ait été donné de voir. Quand je vois ces éléphants mon cœur se serre, j’ai l’impression d’avoir reçu en coup violant au torse. Je reste incrédule devant le spectacle et je détourne les yeux. Narjiss qui trainait derrière voit ma tête et me demande ce qu’il se passe… puis voit les éléphants et a la même réaction. Ces pauvres bêtes sont enchaines sur une énorme dalle de béton. Ils ne peuvent bouger que d’avant en arrière comme des jouets cassés. Ils n’ont pas l’air en bonne santé évidement… on le serait a moins emprisonnes comme ca pour que nous humains puissions les voir. Je sais que l’éléphant blanc est spécial mais la manière dont ils sont maintenus prisonniers est d’une cruauté inimaginable pour moi… On ne sera resté dans cet endroit que quelques minutes mais quand j’y pense à nouveau des mois après, j’ai toujours le cœur qui se serre et les larmes aux yeux.

Le cœur un lourd on retourne vers le centre pour faire notre shopping de cadeaux et souvenirs. On va d’abord au marché mais celui-ci est en train de fermer. Il n’est que 5h pourtant... On trouve quand même 2-3 trucs mais pas les gongs typiques qu’on souhaite acheter. On nous dit qu’on devrait les trouver au temple et nous voila de retour à la Shwedagon Paya. On cherche les gongs gravés des animaux spécifiques (selon notre jour de naissance). Le premier marchand nous annonce froidement que ca ne se vend pas au temple, qu’ils ne vendent que la version vierge de toute gravure. Un peu plus loin on en trouve pourtant… s’en suivra un cirque de négociation épique. A force de voir Narjiss martyriser tous les marchands j’ai pris le pli…et ca marche ! On trouve ce qu’on cherche et a bon prix :D

J’ai adoré ce pays. On n’est loin d’avoir tout vu en 2 semaines mais il y a une incroyable diversité… des grottes du sud, aux temples de Bagan, aux paysages montagneux de Kalaw, au lac Inle et Yangon aussi, vielle capitale ou tout a l’air sur le point de s’effondrer. Les gens ne parlent que très peu anglais mais ils prennent soin des touristes. On peut sans problème partir a l’aventure, il y aura toujours quelqu’un pour aider si on est perdu. Ce fut un voyage dans le passé et je recommande chaudement d’y aller avant que le pays ne change de trop.

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